07/2011

Les textes de ce numéro remettent en lumière la notion de communauté en étudiant les nouvelles modalités « du vivre ensemble » à travers certaines productions artistiques et communicationnelles. Ainsi Louise Boisclair interroge David Rokeby, Fabienne Claire Caland analyse l’œuvre de Mark Wellinger et Isabelle Arvers théorise sur le passage de la pratique de l'individuel à celle du collectif. En vitrine l’œuvre de David Rokeby « n’cha(n)t » en donne le ton.


n-cha(n)t

n-cha(n)t, 2001, David Rokeby
Prix Ars Electronica Golden Nica for Interactive Art, 2002

« Seven computers run software for voice recognition, free-association, and language generation. Tightly focussed microphones listen to words and phrases spoken by people in the immediate vicinity. The computers are linked by a network through which they stimulate each other. The computers speak their stream of associations through speakers. The ears on the monitors indicate each computer’s state of receptivity. All of the text in the installation is improvised by the computers using extensive bases and rules of grammar. In the absence of outside stimulus, the community of computers finds its way to equilibrium. Finding a consensus through mutual reinforcement, the computers chant in unisson, following a shared stream of associations. Any sort of external sound distracts the community, scattering the chant into a chaos of disparate voices. When someone speaks to one of the computers, the computer attempts to understand what was said. The new stimulus triggers new associations. Left undisturbed once again, the community feels its way back together, finding resonances in synonyms, similar sounding words, and shared associations. » (lines extracted from the video).

n-cha(n)t, 2001, David Rokeby
Prix Ars Electronica Golden Nica en art interactif, 2002

« Sept ordinateurs synchronisent des logiciels de reconnaissance vocale, de libre association et de génération de langage. Des microphones très ciblés écoutent les mots et les phrases prononcés par les gens dans leur voisinage immédiat. Les ordinateurs sont reliés par un réseau à travers lequel ils se stimulent mutuellement. Les ordinateurs expriment leur courant d'associations à travers les hauts-parleurs. Les oreilles sur les moniteurs indiquent l'état de réceptivité de chaque ordinateur. Tout le texte dans l'installation est improvisé par les ordinateurs à l'aide de bases et de règles extensives de grammaire. En l'absence de stimulus extérieur, la communauté des ordinateurs trouve son chemin vers l'équilibre. En parvenant à un consensus à travers le renforcement mutuel, les ordinateurs chantent à l'unisson, en suivant un courant commun d’associations. N’importe quel son externe distrait la communauté, dispersant ainsi la diffusion du chant dans un chaos de voix disparates. Quand quelqu'un parle à l'un des ordinateurs, l'ordinateur tente de comprendre ce qui a été dit. Le nouveau stimulus déclenche de nouvelles associations. Laissée au repos une fois encore, la communauté retrouve son chemin à l’unisson, trouvant des résonances dans des synonymes, des mots similaires et des associations partagées. » (extrait de la vidéo traduit par Louise Boiscla).


ARTICLES

David Rokeby : Je suis un artiste interactif et je construis des expériences

Louise Boisclair

« Mais ma vraie motivation n'était pas de permettre aux ordinateurs et aux humains d’être confortables les uns avec les autres, mais plutôt de sonder ce qu'est un ordinateur et comment il se relie à ce que nous sommes, à ce que nous pensons que nous sommes et à ce que nous espérons être. Et alors, de passer à l’étape au-delà, comment la présence de l'ordinateur dans notre culture modifie la personne que nous croyons être. » David Rokeby [suite...]

David Rokeby :  I'm an interactive artist; I construct experiences

Louise Boisclair

"But my real motivation was not to enable computers and humans to be comfortable with each other, but rather to explore what a computer is and how it relates to what we are, what we think we are and what we hope to be. And then, proceed to step beyond that, how the presence of computers in our culture changes the person we believe to be." David Rokeby [suite...]

L'émotion du seuil (Threshold to the Kingdom, Mark Wallinger)

Fabienne Claire Caland

À l’automne 2010, l’artiste Mark Wallinger (1959-) exposait une nouvelle fois la vidéo Threshold to the Kingdom (2000), soit l’une des ses œuvres les plus mystiques. Cette fois, c’est la Tate Britain qui l’abritait, la mettait en valeur, participait de sa dimension sacrale par une installation singulière. Mise en abyme ? Rupture ? Il s’agira de penser non seulement l’œuvre et son impact sur le spectateur, mais surtout comment sa mise en espace participe d’une expérience unique.  [suite...]

Penser l'œuvre d'art en dehors de l'économie culturelle traditionnelle

Isabelle Arvers

De la participation à la collaboration, qui définit le champ de l’intervention artistique? Si la collaboration n’est pas une idée nouvelle, l’accès aux logiciels libres, le partage des connaissances, de la bande passante ou d’outils à faible coût en transforme les modalités. Il s’agit à présent de repositionner la relation de l’individu au collectif, pour repenser les structures hiérarchiques à l’horizontale et vers l’ouverture. Passer de la consommation passive à la création de contenus et changer les paradigmes du processus créatif et de la notion d’auteur. [suite...]

Rédactrice : Christine Palmiéri.
Webmestre : Jason Martin.